Le problème : conflit antérieur de la cheville
La cheville correspond à l’articulation entre la jambe et le pied. La partie supérieure du pied est constituée par un os appelé talus situé juste au dessus du calcanéum. Le talus est mobile dans une pince formée par le tibia et le péroné. Les surfaces articulaires de glissement sont recouvertes de cartilage.
La stabilité de la cheville est assurée par plusieurs ligaments qui sont des sortes de rubans plus ou moins élastiques. Le ligament latéral externe est situé sur le coté extérieur de
la cheville reliant le péroné au talus et au calcanéum. Il est constitué de trois faisceaux : antérieur, moyen et postérieur, qui empêchent la cheville et le pied de partir vers l’intérieur (Figure 1).
Les faisceaux antérieur et moyen du ligament latéral externe sont le plus souvent lésés
lors d’un traumatisme. (Figure 2) Ils peuvent être distendus ou complètement rompus, occasionnant ainsi un gonflement et des douleurs de cheville. On parle alors d’entorse de la cheville. Elle nécessite une immobilisation pour faire cicatriser le ligament.
La répétition des entorses réduit la capacité du ligament à cicatriser spontanément en position efficace diminuant ainsi la stabilité de la cheville. On parle alors d’instabilité de cheville, responsable de douleurs et de sensation de lâchage ou de dérobement. L’instabilité est également responsable de lésion du cartilage et entraine une dégradation progressive de l’articulation.
Le but de l’intervention chirurgicale est de récupérer une cheville stable et d’éviter des lésions cartilagineuses.
L’intervention : la ligamentoplastie de cheville
La ligamentoplastie de cheville consiste à reconstruire le faisceau antérieur et le faisceau moyen du ligament latéral externe.
Une incision est réalisée sur le côté externe de la cheville. Le faisceau antérieur du ligament latéral externe est reconstruit à partir d’une bandelette de périoste qui est la membrane recouvrant les os et qui est prélevée sur le péroné. Elle est retournée sur elle même et laissée insérée sur la pointe du péroné. Une ancre est vissée au talus. Les fils montés sur cette ancre sont passés dans l’extrémité libre de la bandelette et noués entre eux afin de la fixer à l’os (figure 3).
Le faisceau moyen du ligament latéral externe est reconstruit selon la même technique à partir d’une partie du ligament frondiforme qui est une structure qui maintient les tendons des orteils (figure 4).
L’intervention peut être réalisée sous anesthésie locorégionale. C’est votre anesthésiste qui décide avec vous de la meilleure anesthésie en fonction de votre état de santé.
Elle dure en moyenne une heure et nécessite une hospitalisation d’environ 2 jours.
Après l’opération, un pansement stérile et une immobilisa- tion par une botte en résine sont mis en place.
Le traitement de la douleur sera mis en place, surveillé et adapté de manière très rapprochée dans la période post-opératoire.
La rééducation post-opératoire et la reprise des activités
La botte en résine est gardée 6 semaines. La marche s’effectue sans appui sur la cheville, à l’aide de deux cannes pendant toute cette période.
À l’ablation de la botte, l’appui est autorisé. La rééducation commence alors chez votre kinésithérapeute. La marche normale est retrouvée à la fin du 2ème mois.
La reprise du volant est envisageable au 3ème mois ainsi que celle du travail, une activité de bureau pouvant être plus précoce.
La reprise des activités sportives douces comme le vélo et la natation peut se faire après le 3ème mois. La course à pied est envisageable après le 4ème mois. Il faut souvent attendre le 6ème mois pour reprendre les sports collectifs et la compétition.
Les risques et les complications
En plus des risques communs à toute intervention chirurgicale et des risques liés à l’anesthésie, notons quelques risques plus spécifiques à cette chirurgie :
La peau peut avoir des difficultés à cicatriser et nécessiter des soins infirmiers pendant plusieurs semaines, voire une reprise chirurgicale.
La survenue d’une infection, bien que rare, est une complication sévère et peut nécessiter une reprise chirurgicale et la mise sous antibiotiques.
Il est possible que la zone opérée saigne et qu’il se forme un hématome. En fonction de son importance, une évacuation peut être nécessaire.
Les nerfs qui entourent la cheville peuvent être accidentellement blessés. Cette complication exceptionnelle peut occasionner une douleur, une diminution de la sensibilité de certaines parties du pied.
Des petits caillots de sang solidifié peuvent se former et se coincer dans les veines des jambes occasionnant une phlébite et nécessitant un traitement anti-coagulant pendant plusieurs semaines.
Une raideur articulaire peut se développer si la rééducation post opératoire n’est pas bien prise en charge.
Des réactions inflammatoires post-opératoires peuvent occasionner des douleurs importantes. Ces réactions exacerbées correspondent parfois à une algodystrophie. Cette complication bien que rare, reste très longue à guérir. Cependant, de nouveaux traitements existent et permettent de la gérer plus facilement.
Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive. Votre chirurgien donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer avec vous chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention.
Les résultatsLa disparition des douleurs et des sensations d’instabilité est très rapide après l’opération. La récupération complète de la mobilité et de la force musculaire survient en général entre 3 et 6 mois.
Le ligament remplacé n’est pas plus solide que le ligament d’origine et une nouvelle rupture peut toujours survenir. Il faut donc rester vigilant face aux risques que représentent les sports sollicitant la cheville.
Les résultats de cette technique sont néanmoins très encourageants puisqu’on retrouve une cheville stable avec une amélioration de la fonction dans plus de 90% des cas. Le risque de dégradation cartilagineuse est moins important sur une cheville stable.